Maison nue

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  • Programme Rénovation et extension d’une maison
  • Lieu La Rochelle 17000, France
  • Maîtrise d'ouvrage Privée
  • Maîtrise d'oeuvre FMAU
  • Dates 2017 - 2019
  • Surface 156 m² SDP
  • Mission Mission complète
  • Crédits Antoine Espinasseau (photos)
  • Responsable projet Frédéric Martinet
  • Équipe projet Arnaud Malthieu

Comment neutraliser le fantasme moderne ?

La notion de contemporanéité en architecture est complexe, sinon impossible à définir. Par essence même, ce qui est contemporain est une forme de pléonasme dès lors qu’une construction a lieu. Pourtant, les maîtres d’ouvrages privés perçoivent deux grandes familles de projet : le contemporain ou l’ancien. Dans l’imaginaire collectif, l’ancien est souvent associé à une bâtisse en pierre, avec un toit en pente. Par contemporain, l’imaginaire collectif définit souvent des bâtiments munis de larges surfaces vitrées, d’un toit terrasse, d’un mur en béton ou parpaings. Ce que la plupart des maîtres d’ouvrages définissent comme contemporain est souvent moderne, au sens historique du terme. 

La Maison Nue est constituée d’une échoppe des années 30, identifiée dans le règlement d’urbanisme : rien de ce qui est visible depuis l’extérieur ne peut être modifié. Sa surface est insuffisante pour accueillir le programme, une extension est donc construite à l’arrière, dans le jardin. Pour compenser l’absence d’une gestuelle quelconque de la façade rue, la façade côté jardin convoque le vocabulaire moderne. Mur blanc à peine cassé, baie horizontale offrant une vue panoramique sur le jardin et 2 nouvelles baies sur le patio situé entre la bâtisse existante et celle créée. Au total quasiment 41 m2 de vitrage pour une pièce de 60 m2. 

Cet hommage à l’architecture moderne est néanmoins bousculé par quelques anicroches. La baie du rez-de-chaussée donne sur une terrasse enterrée de 60 cm, le patio abandonne l’orthogonalité pour un angle aigu de 80°. Mais surtout, aucun élément porteur ne vient entraver la vue ou le parcours. L’ensemble de l’étage tient sur 3 poutres qui fonctionnent comme un système de mikado. Le RDC, ainsi libéré de tout élément, pousse la notion de plan libre bien au-delà des thèses du mouvement moderne.

Cette situation ultra-moderne provoque un sentiment étrange de nudité. Les seuls murs présents accueillent le meuble de la cuisine et une bibliothèque. Les meubles et les corps évoluent dans ce grand espace non déterminé, non clos, entre le parc et le patio. A l’intérieur d’un tel espace, tous les codes sont bousculés, en douceur. N’ayant aucun mur pour s’appuyer, la pièce ne peut contenir ni meuble, ni tableau, ni décoration, laissant une forme de totale appropriation ou projection pour les visiteurs, ce qui confère à la maison une sensation d’extrême liberté. 

  • Programme Refurbishment and extension to a private house
  • Location La Rochelle 17000, France
  • Client Private
  • Team FMAU
  • Size 156 m²
  • Mission Complete project management
  • Credits Antoine Espinasseau (photos)
  • Project manager Frédéric Martinet
  • Project team Arnaud Malthieu

How to Neutralize the Modern Fantasy?

The concept of contemporaneity in architecture is complex, if not impossible, to define. However, private clients often perceive two major project categories: contemporary or old. In the collective imagination, the old is often associated with a stone building, a pitched roof. On the other hand, contemporary, in the collective imagination, often translates to buildings with large glass surfaces, a flat roof, and walls made of concrete or blocks. What most clients define as contemporary is often modern in the historical sense.

The Naked House is composed of a 1930s shop, identified in the urban planning regulations: nothing visible from the outside can be modified. Its surface is insufficient to accommodate the program, so an extension is built at the rear, in the garden. To compensate for the absence of any facade gesture facing the street, the garden side facade invokes modern vocabulary. A barely broken white wall, a horizontal bay offering a panoramic view of the garden, and two new bays overlooking the patio between the existing building and the new one. In total, almost 41 m2 of glass for a 60 m2 room.

This homage to modern architecture is nevertheless disrupted by a few glitches. The ground floor bay opens onto a terrace buried 60 cm, and the patio abandons orthogonality for an acute angle of 80°. But above all, no load-bearing element obstructs the view or the path. The entire floor is supported by three concrete beams that function like a game of Mikado. The ground floor, thus freed from any elements, pushes the notion of an open plan far beyond the theses of the modern movement.

This ultra-modern situation creates a strange sensation of nudity. The only two walls present respectively house the kitchen furniture and a bookshelf. Furniture, and bodies move in this large, undefined, unclosed space between the park and the patio. Inside such a space, all codes are gently overturned. With no walls to lean on, the room can contain neither furniture, nor paintings, nor decorations, leaving a form of complete appropriation or projection for visitors, giving the house a sense of extreme freedom.